Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso s'est ouvert ce mardi devant la Chambre de jugement du tribunal militaire, délocalisée pour la circonstance à la salle des banquets de Ouaga 2000. Au total, 84 personnes, dont 66 militaires et 18 civils, devraient comparaitre pour s’expliquer. Parmi les 84 accusés, il y a les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup.
Les débats ont tout de suite achoppé sur des questions de forme, notamment la désignation des trois juges accesseurs qui doivent siéger aux côtés du président.
Parmi les accusés, il y a deux généraux. Ils doivent donc être jugés par des officiers de grade égal ou supérieur, conformément à l’article 15 du Code de justice militaire qui stipule que «la désignation des juges militaires est soumise au respect de la hiérarchie dans les forces armées. Le juge de même grade que le prévenu doit être plus ancien. Si cette condition ne peut être remplie, il est désigné un juge du grade immédiatement supérieur. S’il y a plusieurs inculpés de différents grades ou rangs, le grade ou le rang le plus élevé détermine la désignation des juges.»
Problème, la plupart des généraux du Burkina sont cités comme témoins. Ils ne peuvent donc pas siéger comme juges. Seul le général Tinga Robert Djigemdé est coopté.
Le général Kwamé Lougué est lui aussi disqualifié: ses proches et lui seraient convaincus que Gilbert Diendéré est responsable des blessures du général Lougué après son annonce de prise de pouvoir sur le plateau de la RTB.
Le procureur militaire demande alors qu’une réquisition soit prise pour désigner ces juges parmi les subalternes. Ce que rejette la défense des accusés.
Autres exception soulevée par la défense, les accusés ne peuvent pas comparaitre devant la "chambre de jugement" puisque celle-ci n'existe plus, remplacée en 2017 par la "chambre de première instance."
Elle pose aussi le problème de légalité du président de la chambre au motif qu’aucune trace de sa nomination ni de son installation dans le journal officiel.
Les avocats de la défense se sont finalement retirés de la salle, entrainant la suspension de l’audience. Ils contestent la légitimité du président de la Chambre de première instance du tribunal militaire, dont le décret de nomination daterait du 22 février dernier. Pour la défense, il faut 8 jours pour que cette loi entre en vigueur, ce qui n’est pas le cas d'après elle.